Kercambre,
C’est un petit paradis à l’état brute, le terrain, fruit du labeur de mes grands-parents, Albert, mécanicien puis éboueur de son état et Eliane lingère d’un hôpital psychiatrique de son état ; tous deux ouvriers des trente glorieuses, ils se sont offert ce petit bout de terrain, avec un autre couple de leur quartier.
Ho rien de trop luxueux, un rectangle de pelouse et de magnifiques haies bocagères où le temps de l’été nous flânons contemplatif en cohabitation avec les vers luisants, les écureuils et les hérissons qui viennent se servir la nuit, dans la gamelle du chien…
Kercambre, c’est avant tout des souvenirs :
- Le son du clapotis de l’eau dans les bottes de papi bébert et son sifflement en remontant le chemin au retour de la pêche.
- C’est aussi mamie Eliane qui aime laver notre linge avec l’eau chauffée sur le feu, peut-être une nostalgie d’un mode de vie lointain. Tout comme la douche sous le pommier et la cabane des toilettes que bébert avait fabriquer, aujourd’hui ces toilettes servent de pot de fleur pour le thym que nous avons planté en souvenir de papi qui nous faisait des infusions le soir quand on avait pris un coup de froid.
Depuis 40 ans notre famille se retrouve, chaque année, ici sur le chemin de la pierre jaune, dans ce terrain que nous avons cajoler sur cette côte que nous aimons tant et que nous respectons. Touristes de proximité, originaires de Vannes, Kercambre c’est notre temple, notre pèlerinage, un coup de tondeuse, un petit entretien du cours d’eau, quelques apéros avec les voisins, la sieste, les confitures de mûres, les noisettes du noisetier que papi a planté et que la famille d’écureuils dévore avant même avoir pu en goûter nous-mêmes. Histoire de bien nous faire comprendre qu’avant tout, ici c’est chez eux… et nous le savons !
Et c’est tout naturellement qu’à la fin de l’été nous repartons des souvenirs plein les yeux. Bref un paradis simple, pour des gens simples qui ont à cœur de le protéger et de le respecter.
